le cinoque du boulevard de La Chapelle

Samedi 16 janvier, vers quatre heures-et-demi, boulevard de la Chapelle, pas loin du carrefour Marx Dormoy : un jeune homme frisé a du mal à tenir d’applomb, sa bière à la main. Il est jeune, barbichette, silhouette cassée, anorak, baskettes rouges, musique dans les oreilles. Grands gestes ; il prend de la place sous l’arrêt de bus, obligeant les passants à s’écarter. Quand j’arrive près de lui, j’entends : ‘…une sénégalaise, une sénégalaise, mon vieux…’ Il boit au goulot. Deux petites filles, qui passent avec leur mère (sénégalaise ?) le dévisagent d’un air sérieux, en silence. Puis le jeune type remonte le boulevard ; je le suis ; il disparaît sous le porche propret du numéro 28 où une enseigne discrète indique : Centre médico-psychologique et Centre d’accueil thérapeuthique à temps partiel. Plus tard dans l’après midi, je revois ce type, installé avec deux autres fantômes sur un des bancs de l’Impasse de la Chapelle, de l’autre côté du boulevard, pas loin des voies de chemin de fer. Un de ses compagnons étend sur le banc une jambe très amochée, gonflée.

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