Par chez nous, c’est pourtant facile à comprendre, on ne compose que des itinéraires,
on n’écrit qu’avec ses pieds.
La nature se tait (rien à dire, ce qui l’occupe beaucoup, la nature, et nous avec)
seule la ville parle
(et mieux encore, toute les langues : le poldève et l’ouzbec)
(et mieux encore, de Paris le seul bon bec)
seule la ville écrit
on ne lit donc qu’en ville,
c’est pourtant facile à comprendre.
Dans ces conditions, le poète est une sorte de porte-enseigne, le genre
de type à trouver que, quand on passe de la rue de Léningrad à la rue
de Madrid, ça se réchauffe, vous voyez ce que je veux dire.
À s’engager de dos rue des Reculettes, pour voir, pour rire (c’est un
des effets appréciables de la poésie que d’éprouver cette sorte
d’amusement). À chercher des pissenlits rue Racine. À relever dans
ses livres et plans que la rue de Léningrad s’est poussée du col, elle
aussi, changée en rue de Saint-Pétersbourg. On voit bien que le
désappointement guette notre poète arpenteur des noms de la ville.
Déception ! Spleen ! Zone ! Regrets !
On voit bien que Paris n’est pas ce qu’il devrait.
cm