Je jouais aux boules avec Armand du Béton. C’était à la fin de sa vie, tardive et ridée pas poussive non, mais lente, un rien appliquée, appliquée à ralentir, appliquée à jouer aux boules, c’est le mieux quand on veut ralentir et s’apaiser. Armand avait été marchand de gravier. Et agité, ceci expliquant cela ; fortune faite, il s’était calmé et nous formions une très belle doublette, appréciée pour sa lenteur et sa roublardise patiente. Nous perdions le plus souvent, appréciés vous dis-je, et Armand disait qu’il s’en fichait bien, qu’il jouait aux boules comme il convient : comme on va à un enterrement et moil’gravier hein, j’ai déjà donné, résumait-il, je laisse ça aux agités.
Armand du Béton est mort depuis longtemps maintenant ; je le croise quand il marche au dessus de la rivière ; il n’a jamais l’air pressé ; il ralentit en passant soul pont de la rue aux Ours.
Armand du Béton est mort depuis longtemps maintenant ; je le croise quand il marche au dessus de la rivière ; il n’a jamais l’air pressé ; il ralentit en passant soul pont de la rue aux Ours.