…et voici que je croise dans l’escalier, il souffle, c’est raide, il ne lâche pas la rampe, marche après marche, un pied puis l’autre, c’est pénible, il souffle, il est pâle, je l’entends escaler depuis un moment, il souffle bruyamment et voici que je croise enfin le vieux Larry Cotta. On voit à son air dérangé, un flou dans la coiffure et la cravate de travers, on voit qu’il revient de la plage ; je me retourne : le fond de son pantalon est froissé, et humide : sous son bénard il a gardé son costume de bain, Larry, il souffle, il grimpe avec peine jusqu’à son sixième, il sue, il ne me répond pas, il a le cul mouillé. Doit faire frais, voilà ce que j’en comprends : Larry maugrée, Larry peste, il a loupé sa journée, c’est ça, il a le cul humide, ses vieilles fesses blanches et tremblotantes reviennent de la plage en soufflant en grimpant avec peine jusqu’à leur sixième marche après marche et sans lâcher la rampe. Doit faire frais, c’est à ça que me sert l’observation attentive de Larry Cotta : son vieux cumide à peine rhabillé et ses tifs désordonnés, son air maussade, m’indiquent assez le temps qu’il fait. A chaque fois ça se vérifie : à son allure surpâle je sais que le vent du Nord s’est levé sur notre bord de mer. Et aujourd’hui, à peine croisé, Larry Cotta souffle et grimpe, c’est pénible ; il est pâle ; je remonte le col de mon pardessus.