Rome le 24 novembre 2011, vers une heure et demie dans ce quartier situé entre la Piazza di Spagna et la Piazza del Popolo. C’est au début de la rue Condotti, sur les marches de la petite Santissima Trinita des Espagnols ; la rue est agitée : foule du déjeuner tertiaire à quoi se mêlent les touristes descendus de la place d’Espagne. Ce n’est pas une balade tranquille et je passe rapidement devant la Santissima quand j’aperçois une petite dame assise devant la porte massive de l’église ; elle semble vieille ; elle est menue et très souriante ; elle tient serré contre elle un ballon gonflé de couleur rose vif et irisé. Ses mains s’enfoncent dans le ballon, qu’elle presse et malaxe dans un geste répété et lent. Pas d’autre mouvement que celui de ses mains sur le ballon rose. Bonnet, anorak (temps frais, mais ça va), robe ou jupe sombre ; la façade de la Santissima est incurvée comme il faut et dessine comme une niche statuaire où la vieille dame est venue s’asseoir et mendier. Je prends quelques notes, le temps de comprendre que son sourire n’en est pas un : elle est très édentée et c’est l’enfoncement de sa bouche qui marque une échancrure souriante ; elle parle seule, visage vif mais tête immobile. Je descends du trottoir d’en face où j’étais postyé et prends la photo qu’on voit ici ; elle me repère très vite ; elle me regarde et dit quelque chose. Je sais qu’elle ne me sourie pas.