Mardi 13 septembre 2011, huit heures du matin, installé à la terrasse du Baratin où j’ai mes habitudes quand je suis dans le quartier des Gobelins, à Paris. Temps doux, journaux, premières communications et courts messages électroniques du matin, grand café et un croissant (5Euros40) : tout va bien quand un fort bruit de voix me fait lever la tête : ça descend de la rue Geoffroy Saint-Hilaire qui borde ma terrasse, tout près. Un fort gaillard, Noir-des-Antilles, chante à plein poumons, bras écartés, paumes en l’air et petits pas de danse, allure assez vive, bonnet et tenue sombre que je n’ai pas le temps de bien détailler, il chante : “begoniaaa, tu n’aimes pas les magnioliaaas, tu n’aimes pas les lilaaaas…(et au refrain.)” Belle voix, puissante et bien posée, et jamais forcée et en tous cas, grand sourire et évident bonheur. Il est très vite sur le terre plein central du boulevard Saint Marcel, pris dans un jeu de feux rouges complexes qui le forcent à s’arrêter, et il remet ça…tu n’aimes pas les lilaaas…Il fait rire très franchement un cycliste encostumé de clair et dûment encravaté qui attend le passage ; le chanteur aussi rigole ; il se tape les cuisses.
Au même endroit, le 20 juin 2006, le même type avait fait la même apparition rapide, cette fois parlant seul à voix haute et branchant une jeune fille au feu, finissant par descendre la même rue Geoffroy Saint Hilaire. On retrouvera l’anecdote dans ces carnets, à cette date ; comme si je prenais de leurs nouvelles, revoir mes cinoques produit toujours sur moi un effet de bonne humeur. Sa bonne chanson ajoutait à l’affaire.