Lundi 26 avril 2010, place de la Concorde (Paris), depuis un grand moment, ce jeune type en jaune et capuche hésite : il met un pied sur le pavé, remonte, observe, fait quelques pas sur la place puis renonce et revient à son point de départ. Il se sert du petit stick qu’on lui voit ici comme d’un bâton de majorette, un outil de danseur qui rythme ses aller-retour sur la place. Elégant et aussi un air de torero : le danger des voitures (le soleil, ce jour là…), la plaza. Je suis très curieux de voir comment ça va se dérouler, son swing glissé, comment il va faire pour ne pas passer de l’autre côté. Je m’adosse à une des rambardes basses de la place, côté Tuilerie, calepin et appareil photo pour des notes curieuses. Mais un type se présente. Je ne décris pas ici toute la scène, simplement ça : c’était une équipe de la télé iranienne qui voulait savoir ce que je (ou un passant) pensait de la guillotine. Bredouillis, et incompréhension, méfiance..mais ils ont fini par me persuader, et en route pour des phrases qui, des phrases que, et le sanguinpur, qui abreuve nos sillons, que tout vient de là, que l’instrument soit terrible, mais que la mort soit douce : un quart d’heure pour évacuer cette sorte de paradoxes incompréhensibles ; toujours est il qu’en sortant de là, je ne pensais plus à mon danseur torero, j’ai filé vers Saint Germain, en face en rabachant des arguments bien sentis, brillants, qui allaient épater l’iranien, c’est sûr ; je n’ai pas relevé le nez pour voir où en était mon cinoque chorégraphe.