un cinoque, comme Johnny Halliday

21 avril 2006. Très belle soirée au théâtre à Valence : le roi du plagiat, Jan Fabre. Pour la première fois au théâtre municipal, petit théâtre à l’italienne. Double incompréhension avec Jenny : elle est fâché de me décevoir, de ne pas sortir avec moi ce soir. Effectivement, pourquoi refuser toujours de sortir ? Elle nie. Bon, on fait la tête, chacun de son côté, quand elle m’accompagne en voiture à Valence. Je me laisse emporter : bon ben bonne soirée. Toi aussi. Alors qu’elle ne va rien faire : passe pour une méchanceté. Un cinoque : une suze cassis au café sur la place, face au théâtre. Effet d’alcool. Un cri : hoouuuuu, long, très fort, provient du côté droit de la place. Hooouuuu une deuxième fois, et : le feuuuuuuu. Derrière un groupe nombreux, je finis par apercevoir un homme plutôt petit, qui crie donc houuuuuu le feuuuu en agitant un briquet allumé devant ses yeux. Il s’adresse au groupe de terrassés. Un genre de prédicateur. Je reconnais le type. L’habitude de le voir, ces dernière années, depuis longtemps, dans Valence, dans ce même quartier de l’hôtel de ville. Remarqué parce qu’il s’affuble d’une sorte de déguisement : habillé comme Johnny Halliday, courte veste de cuir, bottes pointues, ou vêtements à frange. Coupe de cheveux de type “banane”. La mâchoire très avancée, voussure, jambes en avant. Mais de là à dire qu’il allait mal, qu’il était dingue… Simplement ridicule. Une fois, il y a peu, on l’avait croisé, assis sur les marches du théâtre, prostré. On s’était fait la remarque qu’il était en train de glisser. Ce soir, c’est fait : ” à la table voisine, une fille dit en riant : non, non c’est rien, c’est le freak de Valence. Elle blague au téléphone. La scène du feuuuu est donc habituelle. Le garçon lève les yeux au ciel. Cinoque est habillé d’un tee shirt rose, usé, marqué devant et derrière “Johnny Halliday”, un jean, des bottes noires, pointues, la pointe de la banane est blonde, oxygénée. Il se déplace un peu, vers le côté gauche de la place, s’arrétant tous les quinze vingts mètres, devant un nouveau groupe : hoooouuuuu ( légère pose) le feuuuu. Il semble s’adresser à la foule, les prévenir de quelque chose. Ça dure près de vingt minutes, sans variation de tonalité, sans changement de posture. Cinq fois, il crie la même chose. Personne ne semble y prêter attention, et pas les enfants. La tristesse : ça se voyait, comment ça allait se finir, cette histoire de cinoque, ce n’était pas seulement la dinguerie d’un fanatique de rock n’roll. Tous ces félés-je suis persuadé qu’on en voit de plus en plus- : ça commence doucement, leur folie. Le prognate de Valence pareil.

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