Mercredi 11 mai 2011, vers 6 heures, comme je descends vers le Luxembourg par la rue Gay Lussac, je remarque sous le porche du 8, un type très frêle posté là, 50 ans, voussure, maigre silhouette. Il est étrangement coiffé, d’une frange de cheveux taillée très nettement et très à plat sur le front ; comme ses cheveux sont très sales, ça forme comme une barre qui pèse sur son visage. Il porte une chemise propre dont la coupe cintrée renforce sa maigreur. Sur la poignée de la porte où il s’adosse, posés en équilibre, il y a ses journaux et sa petite sacoche. Il semble très paisible ; quand une cliente de la boulangerie voisine lui glisse une pièce, il sourit et remercie d’un tranquille mouvement de tête ; c’est un habitué, et elle aussi : rien ne signalait qu’il fait la manche, elle devait le savoir. Longue barbe rousse, volante, qui lui fait un air russe. Je passe sur le trottoir d’en face pour observer la suite : pas grand chose, si ce n’est une recherche attentive dans sa sacoche, ne dit rien, ne demande rien…Son faible équipement, ses journaux surtout, font que je le range dans mes cinoques, stricto sensu : lecteurs, discrets et effacés.