le cinoque toxico du Quick de Nice

Vendredi 19 Avril 2013, au restaurant Quick de l’avenue Jacques Médecin, à Nice ; je suis entré là pour leurs toilettes sans plus : cohue bruyante dans les cafés alentour. Très grande salle, plafonds bas, éclairage très contrasté : violent par endroit, mais qui laisse de grandes partie de la salle dans une étrange pénombre tamisée. Commande une glace à la pistache et coup d’oeil circulaire de repérage : un très jeune type est assis près de l’entrée des toilettes, loin du comptoir, air très agité. Dépôt de ma coupelle de glace, puis toilettes, puis retour à ma table, choisie très voisine du jeune fébrile. Silhouette maigre, maillot sportif très collant qui renforce l’effet de minceur, mais très imposante casquette, à l’importante visière, impeccable et conservée très plate ; lunettes noires très couvrantes. Mouvements galinacés de la tête et du cou. Il effrite un peu de haschich dans la paume de sa main et s’applique à son mélange, briquet méticuleux. Mais ses efforts sont très contrariés par son agitation ; ça ne se passe pas bien,
Il fait sauter d’un doigt le bouchon de sa bouteille de Fanta, poc, par terre. Ramasse, et  tangage : repoc. Saccades, gestes brusques et amples au moment de reramasser. Trop brutal, il rebouche et repose sa bouteille : rechute, cette fois bouteille et briquet ; il s’accroche à sa table, retangage. C’est pitoyable, et pas drôle, pas d’effet de burlesque, mais gestes malades. Se rerepenche : casquette tombe ; pousse  la table : téléphone tombe. Ça tourne au cauchemar visuel, amplifié par l’éclairage diffracté. Il me regarde ; je fais mine de l’ignorer. Et ça dure, maintenant aux prises avec son briquet. Je ne sais ce qu’il a fait du joint qu’il tentait de se rouler tout à l’heure.
Soudain, il s’accroupit maladroitement près de sa table, pivote, se redresse, s’accroche à la rambarde de la rampe des toilettes, se rembraille avec insistance, et sort, très vite.
Ma voisine m’adresse un geste explicite : fumette, et ajoute, navrée : ’ ifume…je l’ai vu, il est parti…ifume.’ Elle se fait plus gentille encore : ‘il a trop fumé, ou alors à force de fumer si jeune, il se contrôle plus….i deviennent fous.’ Moi : ‘il était…euh…désarticulé…’ Voisine : ‘…euh, oui…oui…isont pas méchants. Enfin…faut sméfier quand même.’ Je signale alors : ‘la ptite vendeuse, là-bas, elle l’avait repéré ; elle le surveillait.’ Voisine bienveillante : ‘ils ont l’habitude des gens comme ça ; ils ont l’habitude, ici.’

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