[Je reporte ici les notes, tirées d’un carnet égaré et retrouvé, datées du 18 janvier 2006.]
Au Wepler, place Clichy, face à ma table, un homme aux cheveux courts, aux lunettes fines et métalliques ; gros livre Russe, de type dictionnaire. Café noisette (pot à part), son bic crystal, qu’il pose à répétition, parallèlement au bord de la table ; parle seul et ponctue sa démonstration en posant son stylo d’un geste sec, toujours à la même place, avec de petits rajustements. Terrasse fermée d’une verrière, en bordure de la place Clichy. Se pince le nez de temps à autre. Je renonce à mon hypothèse d’une initiation au grec ancien et grammaire grecque : l’accumulation de gestes précipités dénonce le synoque, et la typographie du livre laisse deviner, de loin, du russe. Pull noir, chemise blanche, col qui dépasse, bien mis, blouson sur le dossier de sa chaise. Une pile d’ouvrages est posée sur la chaise face à son guéridon. Un étui à lunettes est disposé sur la table, aux 2/3, à gauche. Il semble réciter une leçon, prend et reprend son livre. Un sac à dos près du guéridon, appuyé sur le pied. Bottines assez montantes. Articule et ponctue, réarrange les éléments sur la table. Pull très élimé aux manches, éclaircies, transparentes. Sort un paquet de copies doubles clairefontaine (je reconnais un très ancien modèle), grands carreaux. Ces mêmes gestes sont répétés à l’infini. [J’ai conservé l’addition ; elle précise l’horaire de cette saynette : 11:38. Je remarque qu’à l’époque, j’écrivais encore ‘synoque’.]