le cinoque qui dégrafe son pantalon

Mars 2008 (date précise illisible dans mes notes) midi et demi, dans le 67, en route vers les Martyrs, un homme petit, rondouillard, lunettes rondes, cheveux frisés très courts, très fort strabisme. Effet comique. Vers l’arrière du bus, il s’assoit en face de moi. Dispose soigneusement sa valise à champ sur le siège voisin. Essuie ses lunettes, et sourit largement. Il hoche la tête, et sourit largement ; ça dure un bon moment. A plusieurs reprises, et à fréquence régulière, tout au long de son trajet : large sourire, hochement de tête, tête penchée vers la fenêtre. Comme quelqu’un qui se raconte un bon souvenir, une conversation plaisante. Hors période : R.A.S et même posé, calme du visage. Courtes mains potelées, chevalière boudinante au petit doigt de la main droite. Je ne m’aperçois pas tout de suite de ce qui ne va pas : son sweat shirt marqué Canal + est très sale sur le devant, de la crasse comme un bavoir. Manches retroussées à mi-bras. Geste des myopes qui fatiguent : enlève ses lunettes et se passe la paume de la main sur les yeux, frottement. Pas grand chose, mais quand il se lève, de dos, on voit mieux son sweat shirt crasseux lui fait comme une ceinture. Descente à Rivoli. Je le suis du regard, au départ du bus : j’ai le temps de voir qu’il se dirige vers le banc de l’arrêt, qu’il se poste devant deux femmes qui attendent le bus, et très vite : geste de déboucler sa ceinture et d’ouvrir son pantalon. Je me déhanche pour saisir la suite : pas le temps.

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