le cinoque d’Alba

Lundi 20 avril 2015, à Alba (Italie), à une terrasse d’apéro du centre ville, au pied de San Lorenzo, j’observe le manège précautionneux d’un type, de l’autre côté de la grand’place : il remonte ses chaussettes debout, en équilibre instable sur un pied, puis sur l’autre. Il prête beaucoup d’attention à cet l’exercice difficile ; ses chaussettes sont hautes, son pantalon étroit : ça lui fait une silhouette instable, et amusante, bloquée, maniaque. Il semble coincé sous les arcades, à l’entrée de la place. On discute du cas avec Jenny établissant que notre type ne peut pas entrer sur la grand’place comme ça, avec des chaussettes imparfaitement remontées, il peut pas, c’est comme ça, il peut pas, et il rajuste infiniment ses chaussettes ; maniaque ou cinoque, on ne sait trop.  Jenny note qu’il sort du commissariat. 

Un peu plus tard dans la soirée, dans la grand’rue marchande, on retrouve notre homme : jeune, mince, jean et basquettes, blouson, air vif de piéton rapide. Il parle seul à voix haute, peu de geste des mains. Puis arrêt brusque et plongée dans son journal, déployé largement, commentaires à voix contenue. Je prends la photographie qu’on voit ici ; il est immobile. Cinoque tout de même.

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