Mardi 12 mai 2015, vers deux heures et demi, dans le haut de l’avenue du maréchal de Saxe, à Lyon, je croise un homme qui crie. Il marche assez vite, au milieu du trottoir, d’un pas décidé ; il dit d’une voix forte : ‘s’il vous plaît, s’il vous plaît, s’il vous plaît…’ et, quand quelqu’un vient à sa rencontre et gêne sa trajectoire, plutôt que dévier, le crieur l’écarte d’un geste brutal. Il dit aussi : ‘garez-vous, garez-vous’. Il est petit, trapu, vêtu d’un tee shirt sombre et bariollé qui figure un ‘Johnny’ très décoré, recto verso ; il crie comme on klaxonne. La foule s’écarte, apeurée ; pour une antillaise au téléphone, qui s’écarte, le crieur ajoute : ‘ah le téléphone, le téléphone…’ En somme, jamais de phrases, mais des coups d’avertisseur.