Lundi 14 octobre 2013, en remontant l’avenue des Gobelins (Paris XIIIe) vers deux heures moins le quart, toujours beau temps doux. A l’angle de la rue Le Brun, je remarque un type plutôt petit, antillais, casquette de base-ball et tenue élégante composée de vêtements de travail délavés et propres, pinces à vélos, baskets à la mode ; il se signale par un piétinement saccadé et minutieux qui imite une danse rituelle. Il mange un esquimau Magnum blanc. Puis geste de karaté : coup de pied reverso dans le platane proche. Il contemple ensuite la façade des Gobelins situés en face ; je m’approche dans l’espoir d’une photographie mais il se retourne : air sévère, oeil noir ; je m’éloigne. Cris immédiats : ‘Alors ça va les [manantes] ou quelque chose comme […les carottes]’. Je file et poursuis mes notes sur un banc pas trop éloigné : lunettes pendantes, casquette des Yankees. Je fais le rapprochement avec le beau vélo de cinoque que je trouve appuyé devant la porte du magasin Franprix du boulevard : vélo très encombré et décoré, selle emmitouflée de torchons et sacs plastiques, pochons ficelés au guidon. Mon cinoque ne quitte pas d’un long moment l’angle de la rue Le Bon ; semble inactif et contemplatif ; il me passe devant, forts cris : ‘[DIEEGOOO]’ et entre au Franprix. Je pense qu’il va se repayer un Magnum.