Vendredi 12 juin 2015, vers cinq heures, pas loin de l’Opéra de Lyon, je marche avec une très grosse femme à la jupe relâchée, silhouette lourde et basquettes épaisses. Il fait chaud mais elle est vêtue d’un gilet polaire sans manches. Cheveux courts, et long collier aux perles de bois, elle roule la langue dans ses joues, tire la langue en secouant la tête et parle à haute voix sans que je comprenne ce qu’elle dit. Elle entre dans une des boutiques de renseignements des transports lyonnais ; je m’asseois sur un banc tout proche, et l’attends. Elle ressort bientôt, et prend place sur le même banc que moi ; je prends à revers la photographie qu’on voit ici. Elle parle et grommelle inlassablement, peu articulée ; le bruit de la rue ne permet pas que je distingue quoique ce soit ; au bout d’un moment, je perçois tout de même : ‘…t’es folle…’ suivi d’un petit ricanement et quelque chose comme : ‘…naa, naa, daraaa…’ Elle crache devant elle en penchant le buste en avant. Elle tripote un petit téléphone portable et ajuste des écouteurs à ses oreilles. Elle ajoute : ‘…marteau, va…’ Un deuxième crachat, plus fort que le premier, me fait fuir.