Vendredi 23 avril 2010 vers 11 heures, autour du métro Saint Paul, la séquence dure à peine cinq minutes. Trois femmes, vite croisées, trottoir ensoleillé, début de chaleur estivale à Paris qui produit un effet de spectacle, et ici : accablant, la vitesse ajoute au truc. Une femme, très vieille, très courbée, vêtue d’un jean beaucoup trop court, sur des chaussures à scratches en ruine. Un grand sac, entre et sort, et entre et sort du Monoprix ; la porte automatique s’ouvre, et se ferme, et s’ouvre et se ferme. Multiples précautions à la petite marche qui rehausse l’entrée. Une autre, cinquante ans, d’allure altière, bras ballants (marche militaire, décidée, en tous cas). Bonnet de montagne, sur lequel elle plaque un fort casque à musique, très réparé de scotch. Une autre encore, à peine plus loin, alcoolique, soixante ans, très marquée, pommettes très gonflées, bas du visage amaigri. Très large bouche, manteau rouge.