Je reporte ici les silhouettes de ceux que je rencontre ici ou là, et qui ne vont pas bien. Si je les appelle les CINOQUES, c’est faute de mieux ; j’ai pris ça chez Léon-Paul Fargue [Poisons] qui l’orthographie SYNOQUES mais qui décrit les mêmes personnes flânantes et errantes, les mêmes fantômes. Je ne passe pas ici en revue tous les synonymes, ni toutes les périphrases habituelles : ils sont tous trop injurieux, ou comiques et moqueurs, rien ne va et je reste avec CINOQUE, suffisamment désuet pour mettre le mot et la difficile réalité qu’il recouvre à distance de respect. Un temps, ZINZINS m’a semblé correspondre, venu de mon enfance, attendrissant et répétitif (mimétique, donc) : c’était après la lecture d’un article du journal Libération du 24 mars 2011. C’était un reportage dans un train d’habitués, le Paris-Orléans de 6h.08, précis et citatif comme il convient ; un contrôleur de ce train était interrogé, malin et observateur, qui disait : ” …il y a les occasionnels qu’on trouve plutôt en queue de train…C’est une micro-société, on y retrouve des vies, des profils, des situations qui reflètent le monde extérieur. Par exemple, avec la fermeture croissante des unités psychiatriques, je croise régulièrement des zinzins. Et puis aussi des tripoteurs, des gens qui se caressent”. Ce “zinzins” finaud et bien intentionné m’a occupé un moment, sans qu’il en paraisse rien dans mes croquis, et puis j’en suis resté à mes CINOQUES. Je vais chercher encore…