Vendredi 13 mai 2011 vers quatre heures, rue Saint-Victor, Paris Ve, après quelques achats à la librairie Lipsy (et notamment Les terreurs de Raymond Queneau). Je descends les marches du court escalier qui ferme la rue et remarque tout de suite un grand type qui tourne en rond au milieu de la rue. Il est très tranquille ; il ne risque rien puisque la rue ne mène nulle part qu’à l’escalier qui débouche sur la rue des Ecoles ; et donc, lentement, il décrit de petits cercles sans remonter sur le trottoir, occupé seulement à son cigarillo et à son bavardage intérieur. Il est vêtu d’une veste dont la doublure s’est défaite ; très échevelé, longs cheveux blancs. Ses chaussures sont en lambeaux et ne tiennent à rien (ce n’est pas le premier que je croise : pas mal vêtu, mais des chaussures en loques, impraticables). Chemise, pantalon clair, inattentif au reste : il s’occupe de son cigarillo, sur lequel il tire et dont il regarde le tison, avant de reprendre son discours solitaire.