Samedi 7 mai 2011, à Valence, jour de marché dans la vieille ville. Jenny et moi patientons à la terrasse du café la Bastille, attendant l’heure de la lecture que je dois faire dans un petit restaurant amico-voisinant. Il est 11 heures. Un type plutôt grand se plante face à nous, sans rien dire ; il garde à la bouche son cigare éteint ; ses mains sont sales ; il ricane. Sur son bras gauche replié, il tient un sac de plastique où l’on devine quelques fruits. Est-ce un geste d’aumone ? Fait il la manche ? Pas facile à dire, même si la paume de sa main fait comme une coupelle. Parka boutonnée, de marque New man, chaussures de sécurit, 60 ans à peu près, la barbiche bien taillée et bonne coupe de cheveux. Il marmonne : il a l’air absent et reste immobile dans la rue qui, à cet endroit, est interdite aux voitures. Une fille à queue de cheval quitte bientôt la terrasse, se dirige vers lui, et lui glisse quelques pièces dans la main. Il considère cet argent sans rien dire, puis abandonne son poste et s’éloigne.