un cinoque ravaudé

Mardi 8 mars, vers midi et demi, rue de Médicis (Paris VIe), en descendant vers le théâtre de l’Odéon. Pas le temps de bien noter mais : un type marche très vite et, dès qu’on se croise, bifurque vers le jardin du Luxembourg ; il traverse la rue : je n’ai que très peu de temps pour en fixer la photographie mentale (et prise de note immédiate, sous une porte cochère puisqu’il commence à crachiner) : il s’agit d’un homme jeune, plutôt petit, asiatique. Il est très chargé, encombré de deux sacs à dos jetés sur l’épaule. Ça ne semble pas lui peser beaucoup ; il donne une impression d’allant, de force et de dynamisme. Ses chaussures sont tout à fait déglinguées, maintenues par une ficelle blanche qui en retient la semelle. Son bonnet de laine est très rafistolé, troué. Pas un clochard, plutôt “a tramp”, un vagabond : me suis demandé longtemps si ce type était bien un cinoque et s’il avait sa place dans mes croquis ; me dis maintenant que oui, et c’est ce ravaudage qui me fait penser ça, qui traduit un soin maniaque et inutile et qui ne cadre pas avec son allure fonceuse, sa détermination.

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