Lundi 7 février 2011, descendant la rue de la Roquette sur le trottoir de gauche, au niveau de l’ancienne prison et du square qui la remplace. Il est deux heures-vingt, je viens à peine de croiser le cinoque très maquillé que j’ai laissé près du Père Lachaise quand je perçois des cris qui proviennent de l’autre côté de la rue : une jeune femme se tient plantée au milieu de la rue Saint Maur ; elle mime par de grands gestes un choc, ou quelque chose comme ça : de ses deux mains ouvertes, qu’elle frappe violemment l’une contre l’autre, elle évoque une rencontre très brutale. Elle répète ce geste en criant très fort ; je crois comprendre : “….a putain non non non”, mais je ne suis pas sûr du “putain”. Elle est blonde, plutôt jeune, queue de cheval et poncho. Rupture brusque ; elle remonte très vite la rue de la Roquette. Puis s’arrête, non moins brusquement, et s’assoie sur un banc, à la hauteur du 133. Je traverse en courant et me place derrière elle. Elle allume une cigarette, sans cesser de parler. Je ne suis pas très loin d’elle, mais son débit très saccadé, et sa voix haut perchée empêchent que je comprenne bien tout ce qu’elle dit. Je note tout de même : ” ….vous verrez ce qui va se passer/…il a raison…/….comme tous les autres…” Maigreur, écharpe mauve, bottines, pantalon à fines rayures qui évoquent les sahrouels orientaux. A peine le temps de tirer quelques bouffées, elle se lève et s’engage dans la rue Servan. Je renonce à la suivre.