Lundi 7 février 2011, vers huit heures, au café qui fait le coin des rues Poliveau et Geoffroy St Hilaire. Un groupe compact boit son café du matin : uniformes verts de balayeurs : marrade, bonne ambiance de boulot. Peu de place au bar, je dois pardon pardon m’imposer pour accéder au bout du comptoir. Là, je tombe nez à nez avec un homme qui quitte cette position ; on se croise dans la cohue ; il se lance alors dans un court monologue, fluide et ininterrompu dont j’ai à peine le temps de comprendre ces trois phrases :
-“la politique…quand on voit les enjeux…;”
-“…c’est pas la peine de voter….”
-“…regardez comment ils font…”
C’est dit très vite, d’un air habité ; il me regarde dans les yeux et continue de parler après notre rencontre.
L’homme est maigre, joues creusées, barbe et cheveux blancs ; il rajuste une longue écharpe avant de sortir.
Le jeune barman a remarqué mon air surpris ; il dit simplement : “…pauvre vieux….c’est pas facile….”. Une fois déjà, il y a quelques mois, il s’était montré pareillement bienveillant : c’était avec un type qui puait et qui l’embrouillait d’une histoire de café allongé.