Mardi 1er février. Attention : je retranscris ici une conversation avec la buraliste de mon village. C’est une description de deuxième main d’un cinoque, qui déroge sans doute à mon principe de notation sans commentaires. Mais il s’agit d’un cinoque déjà rencontré ici, celui que j’ai appelé le Vétéran-du-Vietnam. L’anecdote rapportée par la buraliste ne contredit pas ce que j’ai cru comprendre de ce grand type, familier de notre village.
Donc, au bureau de tabac du village où je prends d’ordinaire mes journaux, tenu par un couple souriant et très accueillant ; quelques articles dans la presse locale leur ont signalé mon nom, qu’il ont recherché, me disent-ils, sur Google, au point de tomber sur les messages de Twitter où je m’efforce de faire connaître ces quelques portraits de cinoques.
Elle : …Et je dis plus rien, hein, parce que tout est noté, chez vous…Je savais pas…
Lui : …Des cinoques, il y en a un autre, un grand, maigre. Il fait peur…
Moi : …ben, c’est lui, le cinoque vétéran du Vietnam…
Lui : Ah, c’est lui ? Çui qui va chercher son eau dans son grand reservoir, à la fontaine, et qui…
Moi : …oui, c’est lui. Moi je l’appelle le vétéran du vietnam. Faute de mieux. Je trouve qu’il ressemble à ce genre d’américains déjetés…
Lui : ….Y va pas bien…
Elle : Moi, il m’a fait peur. Je vous dis pas…J’ai eu une trouille… J’étais toute seule, là, dans le magasin. Il voulait du tabac, je me souviens plus quoi…Et tout d’un coup, il m’a regardé et il s’est mis à crier : QUOI QUOI QU’EST CE QU’Y A ??? MONTE LA-HAUT MONTE LA-HAUT. Il criait, et puis il est parti.( Elle mime d’une geste : les chocottes, mais sans sourire.)
Moi : D’après ce que j’ai compris, c’est après les femmes qu’il en a.
Et je lui raconte cette rencontre avec le vétéran, quand il avait craché un “salope” au moment de croiser une jeune femme, sous le porche, pas loin de leur boutique.
Elle : Ben, ça me rassure pas, ce que vous me dites…(Re-geste des chocottes)