un cinoque en route vers le dispensaire

Jeudi 18 décembre 2010, dix heures moins le quart, devant le Sénat, sous les arcades (Paris VIe) ; pluie, vent frais. Je m’aperçois que je marche depuis quelques temps derrière un type voûté, chaussé de pantoufles et trop légèrement vêtu d’un pull et d’un pantalon de toile. Il ne marche pas vite, mais ne traîne pas non plus ; ce qui ne va pas, c’est cette tenue qui ne le protège évidemment pas du froid humide. Le temps est bien établi à Paris cette semaine : froid, neige et giboulées, vent : personne ne se laisse surprendre par la météo : pour sortir comme ce vieil homme (cinquantaine fatiguée), il faut le vouloir, ou ne rien vouloir. Je m’approche pour observer qu’il est mal rasé, cheveux courts et calvitie marquée ; il est petit, sans qu’on sache vraiment, à cause de son allure voûtée ; il est débraillé, sans plus, propre. Il tourne à droite rue Garancière ; le temps que j’arrive au coin de la rue à mon tour, il a disparu : il est donc du quartier, il habite par là. Je descends un peu la rue et jette un coup d’oeil dans l’entrée d’un gymnase municipal qui est là, sans trop y croire, pas le genre de public à ce que j’ai cru comprendre. Mais il est posté dans le hall, au bord d’une grande verrière qui surplombe le gymnase ; il observe les athlètes. Ça dure peu, il prend vite une porte sur la droite, et disparaît. En longeant la façade du gymnase, je note que le bâtiment abrite aussi un dispensaire, sans doute la destination du vieil homme voûté.

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