Mardi 16 novembre 2010, place Pigalle, Paris. Il est tôt, 7 heures et des poussières, remontant de la station de métro où je suis allé acheter des tickets, je n’ai pas encore le nez dehors, mais j’entends, très net : “fils de pute”, très fort, pas tout à côté, mais très clair, suivi de : ” et kess qui se passe par là, kess qui se passe”, tout aussi fort. L’effet est menaçant. Je sors, c’est un jeune type qui approche, un jeune Noir rapide, sans doute sorti des Folies Pigalle, le cabaret de la place. Mince, casquette. Je change de route et dévie mon chemin pour l’éviter, je sens bien que si je me retourne, ou le regarde, ou quoi, le “fils de pute” va m’être adressé ; or, il est tôt, je n’ai pas le goût de ce genre de blague, je veux pas d’HISTOIRE. Je biffurque bientôt vers l’arrêt du 67 ; le jeune type en colère file vers le terre plain central, il hurle encore : ” j’ai des grands mères qui sont mortes, moi…”. Puis, solitude et calme à l’arrêt du bus, qui ne tarde pas à arriver : ces notes. Il est au kebab du coin du boulevard, il a l’air plus tranquille.