un cinoque qui crie Heil Hitler !

Je retrouve aujourd’hui, au dos d’un bristol qui me servait à noter des adresses et que je conservais sur un coin de mon bureau sans jamais le retourner, je retrouve quelques notes à propos d’un cinoque rencontré dans le quartier du jardin des plantes (Paris 5e) le 12 septembre 2006.

Je finis de traverser le pont d’Austerlitz, venant de la Gare de Lyon ; un type très bruyant et éructant vient de ma gauche ; je viens d’entendre, très nettement : “heil Hitler !”, crié très fort. C’est lui, sans doute. On traverse quasiment ensemble le grand carrefour en coupant à travers. Il est derrière moi et ne dit plus rien, tout se passe bien, mais pendant toute la traversée, je reste sur mes gardes, après tout le quartier, à cet endroit, n’est pas rassurant, dangereux pour tout dire, mélange d’agitation automobile (vitesse et fracas, feux rouges) et d’abandon ferroviaire. Et ce type, même calmé, que je sens derrière moi n’arrange pas l’affaire. On remonte ensemble le boulevard de l’Hôpital, on passe devant le Mc Do qui fait le coin de la rue Buffon et, comme on aborde la sortie du métro Austerlizt, mon cinoque me double. Sac à dos plutôt sale, tenue vaguement sportive, allure plutôt souple et rapide, baskets fatiguées. Je le suis maintenant à deux- trois pas. Il croise une petite dame, sûrement antillaise, tout à fait dans le genre à sortir de l’Eglise, coquette et endimanchée, légère voussure mais allure déterminée et vive, chapeau bleu pâle, chaussures blanc-beige. Arrivé à la hauteur de la vieille dame, le cinoque fait un pas de côté, très rapide, se penche en avant et crie : “sale négresse” et, tout de suite, lui crache dessus. Le crachat atteint la vieille dame à l’épaule ; je m’arrête ; elle s’essuie (elle a des gants à la main, ou un sac de papier, je n’ai pas le temps de bien voir…) et me regarde en hochant la tête, d’un geste de dénégation, comme pour dire (mais sans colère) : “mais il est dérangé çui-là”. Elle file sans se retourner. Je relève la tête et cherche le cinoque des yeux ; il est planté devant une des barraques à sandwiches du boulevard et mitraille le quartier TA TA TA TA des deux mains, sorte de mime saccadé qui lui secoue les épaules.

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