écrire dans les cafés [Bernanos]

Bernanos, préface à Grand cimetières sous la lune : “J’écris sur les tables des cafés parce que je ne saurais me passer longtemps du visage et de la voix humaine dont je crois avoir essayé de parler noblement. Libres aux malins, dans leur langage, de prétendre que j'”observe”. Je n’observe rien du tout. L’observation ne mène pas à grand chose. M. Bourget a observé les gens du monde toute sa vie, et il n’en est pas moins resté fidèle à la première image que s’en était formée le petit répétiteur affamé de chic anglais. Ses ducs sentencieux ressemblent à des notaires, et, quand il les veut naturels, il les fait bêtes comme des lévriers.
J’écris dans les salles de cafés ainsi que j’écrivais jadis dans les wagons de chemins de fer, pour ne pas être dupe de créatures imaginaires, pour retrouver, d’un regard jeté sur l’inconnu qui passe, la juste mesure de la joie ou de la douleur.”
Préface datée janvier 1938, Palma de Majorque.

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