…on remarquera que quelques uns de ces promenoèmes sont datés, dans le corps même du promenoème, par des indications précises, nettes le plus souvent, enfin précises je m’entends, exactes et calendaires certes, mais incomplètes. Ce qui produit avantageusement un effet de chronique qui, additionné de courtes notations localisatoires et géographiantes (quand-où, Paris et Lyon, ces dernières années), permet de ratacher mes promenoèmes au grand genre du journal versifié. Grand genre, mais mode mineur, vous aurez compris, la balade en coin…
…on remarquera de plus que la situation de ces baladextes survient au deuxième quatrain, c’est la règle (règle et promenade : toute déambulation est un itinéraire, même la plus incertaine et la plus floue), suffit de retomber sur ses pieds. A ce moment du promenoème, il convient en effet d’expliquer et de caractériser le premier quatrain qui, lui, fait état d’une perception et de sentiments plutôt flous et fatigués, distants. Premièrement, du vague, et deuxièmement histoire-géo, pour résumer et hâter le commentaire…
…on remarquera également que le promenoème traite ordinairement du temps qu’il fait, sorte de météo sentimentale, et de l’état du ciel, et de l’écoulement des fleuves. Il pleut, il nuage, il vague ; des quais, des écluses, des ponts. Quelques uns de chemin de fer. Des gares…C’est la première des contraintes de ces formes fixes : une contrainte de tonalité, dans les gris ; ça bruine, ça flotte, c’est aérien. S’il pleut aussi souvent dans la poésie c’est que, voyez-vous, depuis le Purgatoire (XVII, 25) de Dante, l’imagination à partie liée avec la pluie : ‘ …poi piovve dentro all’alta fantasia…’ (que Calvino propose de traduire par : ‘…puis dans ma haute imagination tomba comme une pluie…’)
…on remarquera ensuite que ces promenoèmes sont plutôt de forme ‘assez fixe’. Y’a du jeu dans les boiseries, comme on dit, mais enfin, ça fait toujours un peu comme ça : trois fois quatre vers, mais de longueur variable, pour commencer, avec les variations tonales qu’on vient de voir. Puis un commentaire verlibriste où jraconte ma vie, accrochée au décor pluviatile par quelque souvnir gazeux. Et coda de deux lignes pour finir, qui fait entendre une musique plus aigrelette. Du fifre…
…on remarquera que ces Séances
sont marqués par la souvenance,
(et que ça rime).
Séances ? Les promenoèmes ont tous été écrits à partir des notes prises au cours des trajets, avant ou après, qui m’ont conduit autour de chez mes psychanalystes. Je ne sais pas si ça ajoute à la bonne compréhension de la promenadoésie, mais bon, on ne sait jamais, flottement pour flottement…
…on remarquera enfin que ce genre de préface, placée avant, est à lire après…
claude meunier
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