Dimanche 31 janvier 2016, depuis la terrasse du café qui domine le parvis de l’Opéra de Lyon, à environ 150 mètres de l‘entrée. A peu près trois heures et demi ; sommes arrivés très en avance comme d’habitude, avec l’amie Laffont, pour papotages d’avant scène (Ladie Macbeth de Mzensk, Chostakovitch). Petite pluie fine, qui fait luire les dalles de la place, temps frisquet. Éclatent bientôt des cris stridents, venus du parvis ; voix éraillée, violente, très aiguë ; on distingue une femme en rouge, qui gesticule. Survêt’, nombreux sacs, manteau de pluie qu’elle tire d’un grand sac qui pend à une valise imposante ; elle enfile le manteau. On comprend très mal ce qu’elle hurle ; effets d’échos ; le garçon nous dit : ‘elle est pas contente, la dame, là (moquerie souriante). Vous comprenez ce qu’elle dit ? Non, on n’entend rien…’ La Laffont ajoute : ‘moi, ça me fait pas rire…’ La folle de l’Opéra hurle : ‘fermez vos gueules, fermez vos gueules…’ et suivent dix minutes d’éructation. Puis elle file ; elle se dirige vers notre café ; elle tire sa valise à roulettes ; on perçoit mieux ce qu’elle crie : ‘exclu-sion so-ciale (scandé)’ et : ‘tout ça parce qu’ils veulent pas que j’aille à l’Opéra de Lyon. De Lyon. C’est une honte…’ Elle prend la rue Désiré, derrière nous. Elle ne crie bientôt plus.