Lyon, place Bellecour, le vendredi 16 octobre 2015, vers quatre heures moins le quart. Voyage Parfait est assis en tailleur, adossé au kiosque à journaux, à l’entrée de la rue de la République, très fréquentée à cette heure. Il a l’air en forme, attentif, causant ; il fait la manche. Je l’avais rencontré au Palais du facteur Cheval il y a quelques mois, puis revu place de l’Opéra, à Lyon, il y a peu…C’est comme si je prenais des nouvelles.
Pour l’heure, il a des bagues à tous les doigts, des lunettes épaisses sur le bout du nez ; il porte un très considérable pendentif en forme de boule de cristal taillé. Tout de même une fatigue perceptible lui fait baisser la tête. Un jeune type frisé s’approche et lui offre un sandwich ; échange de sourire entre les deux hommes.
Mais je suis très vite distrait par un grand type, habillé à l’anglaise qui, tout près de moi (je suis posté de l’autre côté de la rue, face au kiosque, comme on peut comprendre sur la photo ci-dessus), se courbe brutalement au niveau du sol, tout en continuant à marcher assez vite. L’effet est saisissant, de grande rapidité, quasi dansant. Il se relève, met sa main devant sa bouche en forme de cornet, et se parle ; il se redresse tout à fait et fait encore quelques pas, d’un air furtif. Ça va très vite, mes photographies sont tout à fait floues. Grand manteau gris souris, col plus foncé, petit sacoche, cinquante ans ; il est accompagné : le groupe entre au Grand Café Lyonnais, tout près.