la cinoque qui me traite d’abruti

Dimanche 31 mai 2015, sept heures et demi, au carrefour Marx Dormoy (Paris XVIIIe), au kiosque à journaux où j’ai mes habitudes parisiennes. Au moment de prendre Le Parisien dans sa pile, je m’aperçois que le premier exemplaire est très esquinté, première page arrachée. Je pioche en dessous, prends par ailleurs le Journal du Dimanche, et vais pour payer ; propos aimables du kiosquier. J’entends alors derrière moi, d’une voix forte, éraillée mais assurée : ‘ça là, ça, il faut l’enlever, il est pas beau ce journal, faut l’enlever’. Une femme, petite, la soixantaine, coupe de cheveux à la diable, cheveux passés derrière l’oreille, vieux gilet tricoté, pantalon relâché, cette femme me passe devant et tend au kiosquier nonchalent l’exemplaire du journal défectueux. Croyant bien faire, je dis : ‘ah bon, vous n’en voulez pas ?…’ Elle tourne alors les talons et hausse le ton : ‘Ah non, j’en veux pas, ça va pas, non ? Il est tout abîmé, j’en veux pas.‘ S’agite ; je fais quelques pas et m’éloigne. Elle poursuit : ‘il est pas bien, lui, il est pas bien. Abruti, ABRUTI.’ Je me tourne vers le kiosquier, qui me fait ce signe de tourner le doigt sur sa tempe et qu’il accompagne d’un léger mouvement vers le haut des yeux fermés, qui appelle à l’indulgence, qui veut dire qu’il la connait et que ce n’est pas grave. Demi sourire de connivence ; je file. Tout au long, les trois agents arnachés qui tiennent la porte du restaurant Mac Donald sont restés attentifs à la scène.

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