le cinoque pétrifié

Vendredi 21 novembre 2014, vers midi, au coin de la rue Boutebrie et du boulevard Saint Germain (Paris Ve), froid sec. A la devanture d’une banque, un mendiant à la guitare est parfaitement immobile : il est assis, dans une position droite et inconfortable, parfaite ; il porte des mitaines, des chaussures de sport légères, un treillis et un vaste bob d’inspiration militaire ; une pauvre guitare est posée devant lui, le gobelet qui lui sert de réceptacle est renversé sur le trottoir. Je me dissimule à une terrasse toute proche : son visage est invisible, porte-t-il un bandeau noir, une barbiche, des tâches de naissance ? Le bas de son visage est incertain, peut-être une barbiche follette. Un long moment, rien ne bouge : par ce froid, ça provoque une sourde inquiétude pour le mendiant statufié. Puis son menton remue un peu, on dirait qu’il se parle ; il se sourit. Pas grand chose d’autre : il reste posé là. Je file.

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