le cinoque qui chante ‘…aïe aïe calyso…’

Mercredi 19 novembre 2014, dans le bas de la rue des Martyrs (Paris IXe), froid et pluie naissante : un type, guitare dans le dos, vêtu d’un bermuda et de bottes de caoutchouc fourrées, très encombré d’un sac de sport marqué ‘NEW YORK’ marche d’une drôle d’allure chaloupée, déhanchée, tournoyante ; il stoppe brusquement devant l’entrée de la superette ; en passant, je remarque sur son visage métissé de fortes scarifications blanches. Il est vêtu d’un chapeau de cuir et fume la pipe. Il repart rapidement et disparaît dans la rue Notre Dame de Lorette, qu’il remonte dans une sorte de cabotage de vitrine en vitrine ; je le suis. Bracelet de montre métallique voyant, qu’il porte très lâche, brassard sportif (éponge) aux couleurs italiennes, lunettes noires d’aviateur. Au coin de la rue Henry Monier, il se lance dans un set d’air guitar grimaçant : son masque rayé de blanc est alors inquiétant ; il passe à un ‘air saxo’, puis à un ‘air trompette’ sonorisé d’un sifflement entre les lèvres. Il porte un collier de métal très voyant et un colifichet de ceinture en forme de guitare électrique. Il chante bientôt : ‘Aïe Aïe Calypso’, répétant ce simple refrain à l’infini. Je suis planté de l’autre côté de la rue ; il ne m’a pas remarqué, ou fait mine de. Il repart ; je marche à quelques pas derrière lui et prend mes notes à la volée ; il croise une jeune femme, et lui demande : ‘Pardon madame, puis-je vous demander un renseignement ?’ Oui, elle ôte ses lunettes…’Quel est votre secret pour être une femme si jolie ?…’ Elle repart très vite, sans sourire. Recabotage, plus lent peut-être, jusqu’au carrefour Pigalle, où je l’abandonne.

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