Jeudi 18 avril 2013, vers quatre heures, à Nice dans le quartier de la gare, quand on descend vers la vieille ville : un type titube, dans une très complète tenue de cuir, très bariolée de drapeaux, badges, chaînes, fanions et cadenas. Il tangue sérieusement d’un côté à l’autre de son trottoir et éructe très brièvement quelques paroles incompréhensibles. Il est du quartier : quand il passe devant une terrasse, deux jeunes clients se payent sa tête et braillent ‘roaaaakenrollleeeeuh’ à plusieurs reprises. Il répond pareil et leur tape dans la main. Il est ivre ; il marche très voûté. Je l’attend de l’autre côté d’un carrefour et me prépare pour la photographie qu’on voit ici. Il m’aperçoit et me crie : ‘ehhh, cinquante euros la photo, cinquante euros…’ et prend la pose. On s’avance l’un vers l’autre ; je cherche quelques pièces dans mon porte monnaie et lui demande s’il va bien (nombreuses épingles à nourrice dans les joues, lunettes noires, cheveux longs, bruns et coiffés en arrière). Il me répond : ‘eahhahh, c’est dur pour un vieux keupon…’ et s’embarque dans la rue d’Angleterre.