Paris, rue de Pontoise, cinq heures et demi le mercredi 30 novembre 2011, quand on redescend vers Jussieu depuis la rue des Ecoles : le même cinoque, au même endroit, stricto. Et comme à chaque fois que je retrouve-pas si rare que ça-une de ces pauvres silhouettes, et bien, moi, je suis plutôt heureux : des nouvelles, voilà comment je prends ça, ces retrouvailles et au moins : pas morts. En mai dernier ( croquis daté ici du 13) il tournait en rond dans la rue ; là, il est mieux rangé sur le trottoir au niveau du 31 de la rue, mais s’agite pareil, d’un pied sur l’autre, tourne et se retourne ; saharienne claire, baskets, jean ; il est grand et très mince, 45 ans, teint pâle et terne, cheveux longs et blancs au bout d’une calvitie assez nette. Comme en mai, il fume un cigarillo ; derrière lui, une bouteille de jus d’orange est posée sur un appui de fenêtre : il ne bougera pas. Il me demande : “…pas une pièce, non ?..” d’une voix neutre mais bien posée. Je réponds non en souriant et file à mon rendez-vous de libraire (Goudemare, rue du Cardinal Lemoine.)