Paris, mardi 29 novembre 2011, vers 5 heures à la sortie du métro Austerlitz, en remontant le boulevard côté droit : tout de suite cris, voix forte, agitation. C’est un homme âgé d’une quarantaine d’année, bonnet bleu et anorak clair : “tu vas te calmer, là, oui” à un jeune homme qui s’écarte vivement ; il ajoute : ” t’es trop petit, là…” Tout va vite (mouvements, va-et-vient) mais j’ai déjà pris la mesure du truc : l’agresseur, c’est l’anorak, et pas l’inverse ; vite compris aussi qu’il va me tomber dessus ; il me pose en effet une main sur le bras ; je me dégage (pas de panique, air sévère) et crie à mon tour quelque chose comme : “hooo” ; il me lâche, se calme, et me sourit. Il est Antillais, beau visage barbu, collier de grosses perles de bois qui sort de son col roulé, sac à dos de tons militaires ; il tire la langue nerveusement. Il se dirige rapidement vers la terrasse du café-pizzeria Austerlitz K.F.E où il entreprend un jeune type installé avec un café et des cigarettes (et un livre de poche qu’il pose à l’envers, ouvert.) A quelques pas en retrait, je prends des notes dans les marges de mon journal ; j’entends : ” j’habite dans la rue…” Un barman-fumeur sort du bistrot ; il tient sa cigarette à la façon d’une sentinelle (creux de la main retournée) ; il est méfiant et observe très attentivement la scène. Mais anorak et livre de poche sont maintenant attablés à une conversation pas tranquille non mais qui va en s’apaisant. Je file vers Saint Marcel.